17 avril 2013
Mes amis, mes amours et surtout mes emmerdes. (1)
Un jour, j'étais assise dans un salon quelconque d'un hôtel banal d'autoroute, en plein milieu de la France , je buvais un perrier et la vie faisait rien qu'à m'emmerder.
Il est entré dans l'hôtel avec sa casquette de voyou juif et son intelligence supérieure. Je ne pensais pas qu'il en serait capable, je ne pensais surtout pas pouvoir provoquer çà chez un homme tel que lui; l'envie de parcourir 300 kms pour m'apercevoir cinq secondes fatiguée dans un fauteuil ikéa d'un hotel campanile. Je l'avais rencontré dans une fête stupide , dans la rue. Il parlait doucement , il n'avait pas l'air pressé. Il n'était même pas invité. Il m'avait plu parce qu'il ne regardait que moi, alors qu'il y avait tant d'autres filles bien plus belles, bien plus bavardes, bien plus disponibles. Bref, comme d'habitude et comme pour tout un chacun, il m'avait plu parce qu'il me faisait me plaire.
Ensuite , il m'avait harceléee pour que je cède. J'étais bien consciente que la bataille lui importait bien plus que la victoire, après tout, c'était un être humain comme les autres, un sale petit guerrier. Mais je n'en avais strictement rien à cirer. Etre consciente de toutes les chimères de ta propre névrose, certes, ça te coupe un peu l'enthousiasme et l'élan, mais ça te rend extrêmement tolérante à celles des autres.
Il m'a suivie dans les chiottes du campanile et il a juste posé sa main , une petite seconde d'eternité sur ma côte droite. Et comme à chaque fois, je me suis sentie toute petite, fine comme du papier. C'est pour ça, pour ce moment -là que je me damne chaque fois. Cette legereté, ou plutot cette absence de poids, le poids du papier, comme si la force du désir de l'autre me débarrassait enfin du fardeau.
on n'a pas pas beaucoup parlé ensuite, on n'avait rien à dire , et comme avec tous ces gens avec qui on peut se taire, on était tellement bien. Tout était facile, simple et joyeux. Peu d'hommes savent faire de vous leur chose sans vous transformer pour autant en objet. Ca tient au regard, sans doute, la connivence amusée pendant qu'ils vous possédent, cette façon de ne pas prendre au sérieux toutes ces cavalcades et ces gémissements , mais de vous culbuter avec le plus grand sérieux quand même.
La plupart des homes vont et viennent vont et viennent vont et viennent , lui il baisait comme s'il allait vraiment quelque part. Et pas radin, il m'emmenait volontiers avec lui.
Il avait tout lu, il avait aimé Dieu, étudié la bible replié en Israël, tout renié. Il n'avait aucune adresse. Il jouait certainement un peu au juif errant, mais quelle importance ? Il jouait bien.
C'était exactement ce qu'il me fallait , quelque chose de beau, d'ardent et de silencieux, et surtout d'éphémère. Je savais que nous étions condamnés à nous perdre , mais c'était déjà tellement unique de s'être trouvés.
Et puis, il a voulu que je parle. Réaliser que je pouvais ne rien attendre, et surtout pas qu'il me sauve, comprendre que je ne voulais rien d'autre que ce qu'il avait à donner, Ca l'a rendu méchant. Ca l'a rendu amer. Ca l'a rendu petit. Ca l'a rendu pathetique aussi quand il revenait, penaud, me dire que l'amour excuse tout. Que j'etais méchante, petite et amère parce que je n'excusais rien.
La prochaine fois, je vous raconterai plus en détails comment mon amant juif m'a rendu antisémite.
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