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Chroniques de la souffrance, haine et pizzas.
2 mai 2013

EN VRAC

beware loose womenIl y a peu quelqu’un m’a posé texto cette question : d’où reviens-tu toi ?

J’ai esquivé en disant que je revenais de la cuisine pour ne pas dire que je revenais d’un pays en guerre, oh un tout petit pays et toute petite petite guerre.

C’est la première réponse qui m’est venue, puis j’ai lu les nouvelles, j’ai revu un film, repensé à deux trois trucs, et j’ai mesuré qu’il fallait vraiment avoir vécu la guerre dans sa chair ou la privation de liberté pour pouvoir affirmer ce genre de chose. C’était une pensée maladroite ou plutôt imprécise. Peu importe.

Je reviens du même endroit que la plupart d’entre vous, ah ben d’une guerre justement. D’un lieu où des choses ont été brisées et sur lesquelles j’ai longtemps marché nus pieds, histoire de ne pas les oublier, histoire de me souvenir du corps, de ses contours.

Tout cela est tendancieux en réalité. Je préfère raconter les aventures de Jo, Patou et Huguette, ceux de l’autre blog, je n’aime pas parler de moi en vertu d’un orgueil démesuré doublé d’un ego de cathédrale. Et pourtant j’écris cette intro et sa suite. Va comprendre, le chant des sirènes peut-être. Ou une bouteille à la mer. Champ lexical niveau CM2.

Les individus ont une odeur. Il est assez facile de lire derrière leurs yeux, de décoder leurs intentions. Etrangement, c’est lorsqu’ils font dans la parade qu’ils livrent leur secret, en déclarant une chose qui en cache une autre. Comme le panneau indicateur des trains.

Il y a les silences aussi. Peu de gens laissent la place aux silences, je veux parler des silences qui rapprochent. Mais la plupart en ont peur ou se sentent mal à l’aise. Ils craignent les malentendus, les interprétations. Ils craignent le vide, alors qu’il s’agit d’un plein.

Parfois pour me rassurer, je me dis que si personne ne me voit, c’est parce qu’il m’est donné de voir les autres (j’essaie de me trouver une raison d’être, aujourd’hui c’est celle-là). Il suffit que je jette un coup d’œil dans mon rétro pour savoir que l’assertion précédente est partiellement fausse. Non seulement je ne vois pas toujours les choses (ni les individus) venir, mais en plus je suis myope, astigmate et presbyte. L’ophtalmo m’a dit que ça s’arrangerait avec le temps. Si quelqu’un pouvait me dire ce qui s’arrange avec le temps (vraiment sans blague), je lui avouerai l’inavouable secret : « l’être » pour lequel je voue une admiration et une crainte sans égales, une soumission absolue et totale, une adoration mystique telle qu’il me suffit de l’imaginer pour accéder à l’Univers tout entier, aux êtres, à l’espace et au temps. Comme à l’époque où la foi me portait, l’Amour en plus. Je suis depuis brouillée avec Dieu. On a décidé de faire un break. On réfléchit, on se donne du temps, pour voir, faire le point, prendre du recul : ça vous rappelle rien ce langage de recollage de morceaux ?

Mon idole est de très très loin infiniment plus sexy que Dieu. Il est carrément bandant, c’est simple il a 4 bras et je vous parle pas du reste. Il a de quoi empaler tout ce qui bouge, et ce n’est ni trivial, ni sexuel, c’est beaucoup mieux. Trouvez moi une raison, une seule pour me dire ce qui s’arrange avec le temps, et je vous mets sur le coup, parce que je suis partageuse. Enfin, encore faut-il que j’estime, dans l’arbitraire le plus absolu, la validité de votre proposition.

J’habitais en banlieue EN FACE d’Edouard Toulouse, le centre psychiatrique jusqu’à mes 18 ans. Un jour j’ai pris le 97, je suis « descendue » en ville et j’ai eu la folie des grandeurs (j’avais 16 ans, j’avais l’impression de me retrouver au cœur de NYC, vous pouvez rire). J’ai décidé que j’habiterais ici. Là « où ça bouge, à Marseille », là c’est moi qui en ris encore. A quoi sert l’intelligence ? Je n’ai jamais cessé de reproduire ce que j’ai quotidiennement regardé depuis la fenêtre de ma chambre d’ado : nouer des draps,  faire des cordages pour fuir loin. Loin de quoi déjà ?

Après y a eu la cellule capitonnée mais c’est une autre histoire, très gaie, que je vous garde pour la soif.

Y a t-il un lieu sur cette terre où l’on pourrait danser avec les livres (Natouche Costner), sortir sans voir personne, sans devoir articuler des sons qui font des mots qui font des phrases, ce gloubiboulga insensé qui sert à tout sauf à se comprendre, sans qu’on t’implique dans des scenarii auxquels tu es totalement étranger, sans se fracasser contre la folie des autres. J’ai suffisamment à faire avec la mienne.

J’ai récemment eu à faire à un individu qui m’a taclée avec des petites phrases assassines à peine déguisées. Je n’ai eu ni peine, ni compassion, je n’ai eu que des pensées. La première : « La Rhétorique » d’Aristote : " l'apprentissage de la capacité de discerner dans chaque cas ce qui est potentiellement persuasif ".

Pendant que je faisais semblant d’écouter ce rampant, voici ce qui m’apparût persuasif : [

Enregistrer ses phrases assassanodines sur un tout petit appareil. Le choper, lui, le ligoter. A mes côtés, une table sur laquelle repose un matériel qui ne laisserait personne dubitatif, pas même les néophytes de la torture, car rien qu’à les voir, tu saurais qu’ils n’ont pas été créés pour faire le bien. Je découpe la boite crânienne comme un œuf à la coque. J’en profite pour y ôter quelques parties du cerveau reliées à des émotions qui n’ont jamais servies, des concepts usés jusqu’à la corde dont l’auteur lui-même n’en a jamais saisi le sens. A quoi bon ce gâchis, hein ? Allez hop ! un peu de ménage. Maintenant que place est faite, j’insère l’enregistreur à pile atomique, la pile qui ne meurt jamais, j’enclenche le mode « lecture » en boucle, à l’infini, et je referme tout ça à la façon d’un orfèvre. De la haute voltige. Et l’autre repart avec ses phrases en tête, répétées jusqu’à l’oméga. Infiniment. Jusqu’à sa boite en sapin. Et quand les vers auront accompli leurs hautes fonctions de rendre à César, l’enregistreur à pile atomique continuera de dire à l’univers la connerie et la bassesse des hommes (terme générique). Pas pour que ça puisse servir un jour, de ce côté-là on sait que c’est mort. Juste pour la beauté du geste.
Je dédie ce texte à toi dont la vue n’a d’égale que l’opacité du papier calque, à toi dont la machinerie n’a d’égale que les massues de Neandertal, à toi fin de race d’une école de philosophie, qui en son temps eut ses lettres de noblesse, car à côté de l’esprit était le cœur.

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Commentaires
N
Yaya, c'est déprimant. Y a un truc qui s'arrange avec le temps, y en a un seul, si tu trouves, je te dis qui c'est. Bon en meme temps ça m'étonnerait qu'il te plaise.
Y
T'as mis tes tripes sur celle-ci Natouche, on veut pas trop commenter tant on aurait peur de dire des conneries ou des trucs sans interet, comme maintenant.<br /> <br /> <br /> <br /> Y'a plein de choses qui s'arrangent avec le temps. Deja y'a les ados, les brulures, les vins, les allergies et surtout, les chiots qui apprennent a plus pisser sur le tapis ou le lit.<br /> <br /> ALORS, c'est quoi cet etre venere?
A
ce qui s'arrange avec le temps , c'est le temps qui reste (normalement y en a moins)<br /> <br /> haute volée cette note, je trouve
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