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Chroniques de la souffrance, haine et pizzas.
13 juillet 2013

La grande évasion

Maître Capello écrit en exergue de l’un de ses livres, en gros, que les malentendus entre les gens naissent moins du fait qu’ils ne parlent pas la même langue que du fait qu’ils emploient les mêmes mots mais qui n’ont pas le même sens.

J’ai écrit cette intro il y a quelques jours, et je me souviens que je savais, à ce moment-là, le sujet forcément crucial, puisque cheftal, que je souhaitais développer. Sauf, qu’arrivée à « sens », un obstacle d’apparence humaine a fait irruption dans la chambre pour me dire bonjour. J’ai pris sur moi en remettant la culasse en position de sécurité, car un bonheur est si vite arrivé.

Dieu sait que je sais (puisque je lui ai tout appris), qu’une colère rentrée ressurgit tôt ou tard pour vous exploser comme une bombe à fragmentation. Il s’est avéré dans ce cas que c’était tôt, car l’âge aidant, j’ai de plus en plus de mal à policer mes interactions sociales.

Et là, j’ai fait un truc pas croyable. Quitter la maison, c’est ordinaire, mais c’est le point de départ. Là, où ça se complique, c’est l’étape d’après : où aller ?

J’étais dehors, un sac à l’épaule dans lequel se trouvait l’attirail essentiel que nécessite une évasion intempestive : Seresta 50, Stilnox, Ixel 50, culottes, deux livres, deux tee-shirts, une brosse à dents, une crème antirides, un paquet de clopes, un carnet et un stylo.

Dans le but louable de préserver mes rares et solides relations amicales, très aguerries aux variations vertigineuses de ma vie cheftale, je décidai d’aller chez ma mère.

Vous avez bien lu. Ceux qui suivent ce blog souffratique comprendront que pour le souffrant lambda pourvu d’un utérus, il s’agit d’une décision d’un ordinaire qui légitime toutes les exécutions sommaires de l’Histoire.

Mais pour le souffrant hystérique (qui vient d’utérus) et singulier, pour ne pas dire unique, que je suis, cette décision relève d’un défi étranger aux communs des mortels.

N’ayant plus donné de mes nouvelles depuis environ un mois à celle par qui ma vie waltdysnesque a débuté, je l’appelais d’une cabine en la prévenant simplement que je lui faisais l’insigne honneur de lui rendre une visite impromptue. J’omettais les véritables raisons qui me ramenaient au domicile maternel, parce que je n’ai pas les moyens de payer la facture ultérieure.

La joie qu’elle manifesta à l’annonce de ma venue prochaine me confortait dans l’idée que j’étais un fin stratège.

Ma moto se trouvant encore en convalescence pour cause d’arrachage de valve brutal, car c’est ce qui arrive lorsqu’on démarre plein pot avec l’antivol, je pris le bus, le 97, que j’empruntais régulièrement dans une vie antérieure.

Souvenirs, souven ires.

Je déboule, effusions de joie, car ma mère est pourvue d’une mémoire d’environ 9 secondes, et comme l’activité de mon beau-père consiste essentiellement à faire des nœuds sur des sacs plastiques en se balançant d'avant en arrière sur une chaise et en psalmodiant le prénom de ma mère à longueur de journée, tout allait bien, j’étais de retour au bercail chez les fous.

Croyez-le ou non, j’étais contente de me retrouver chez des chépers qui n’ont jamais pris la moindre drogue, ne boivent pas d’alcool et ne fument pas. Une folie bio quoi.

La maison était crade, ma mère ne trouvant plus la force d’attaquer quoi que ce soit, à l’exception de mon beau-père qu’elle gratifie de temps à autre de quelques coups de balai sur la tête, histoire de lui donner des raisons légitimes de se plaindre.

Je décide de faire le ménage, de libérer ma mère de quelques obligations administratives, de « discuter » avec elle (je rappelle : 9 secondes de mémoire), ce qui vous laisse imaginer les redites, les boucles et les sauts du coq à l’âne en des temps records.

J’ai si bien dormi que l’espace d’un instant, j’ai pensé revenir m’installer à l’asile.

Mais je me suis dit que j’avais encore un peu de temps devant moi avant de passer aux électrochocs.

 

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Commentaires
Y
Tu l'as echapee belle Natouche. J'adore cette note, et le titre m'a bien fait rigole.
N
24 heures à tout casser. Je pense avoir explosé mon record depuis mes 18 ans.
M
Mais tu es restée combien de temps dans cet avant-goût de l'enfer ?
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