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Chroniques de la souffrance, haine et pizzas.
9 septembre 2013

Ecrire

Ecrire, comme on se force à vomir. Ecrire comme on crache. Ecrire comme on pratiquait une saignée pour faire partir les humeurs mauvaise. Il y a des fois, écrire ne m'amuse pas. Ce que j'écris ne m'intéresse pas plus que la boulimique ne s'intéresse au bol alimentaire qu'elle régurgite. Ecrire m'emmerde comme la toux emmerde le tuberculeux. Ecrire me bouffe du temps pour rien. Mais avoir écrit me soulage. L'âme moins lourde, la tête plus légère. Ecrire pour ne plus avoir à subir des ruminations mentales.

Bien sûr, il y a des notes que j'écris en m'amusant. Je veux dire, je ne suis pas un forçat du billet de blog. Il est des notes légères comme un gamin au Darfour, des notes claires comme un albinos au Zimbabwe, des notes plaisantes qu'il m'amuse d'écrire. Mais je ne parle pas de celle-là. Je parle des notes lourdes, des notes que ma tête vomis dans une puanteur de bile, des notes que je ne veux pas relire, des notes que je ne veux pas poster, mais des notes quand même. Que je garde pour moi, dans le dossier intitulé « blog ». Des notes non publiées parce que non publiables. Non que je désire cacher quoi que ce soit (et puis, sauf vôtre respect, l'audience de ce blog étant ce qu'elle est, il n'y a que des personnes dont je ne crains pas le jugement parmi les lecteurs). Mais ces notes me semblent tellement impudiques qu'il serait inconvenant de les exposer ici. Pas pour ma pudeur, mais pour la vôtre. Pour ne pas que vous ressentiez l'impression de violer une intimité que vous seriez forcés de subir. Un peu comme quand ma psy me parle d'elle : ça me met mal à l'aise. Et je ne voudrais mettre personne mal à l'aise par la faute d'une note qui serait le trou de serrure d'une chambre parentale. Si vous voulez le trou de serrure, il y a xhamster.com (je voulais écrire youporn mais xhamster est le site porno sur lequel les internautes passent le plus de temps – 11 minutes en moyenne, contre 8 pour youporn).

Ecrire n'est pas pour moi une thérapie. Je n'ai ni cette prétention, ni surtout cet optimisme de croire que ma névrose se guérira pas l'écriture de billets de blog de 500 mots. Non, je compte bien plus sur la chimie prescrite par ma psy et délivrée par ma pharmacienne (qu'elles trouvent ici l'expression de ma profonde reconnaissance). Ecrire n'est pas une manière d'aller mieux. Ecrire me permet de fixer sur une page blanche les ruminations qui m'emmerdent, m'épuisent et m'empêchent de penser à autre chose. J'écris car je n'ai trouvé que ce moyen lorsque le Seresta n'agit plus. Ecrire est alors pour moi ce que vomir est aux membres des Outremangeurs Anonymes (je vous jure que ça existe) : c'est désagréable et ça me fait perdre mon temps, mais après je me sens mieux. Coucher des mots sur le papier me permet de chasser mes idées obsédantes.

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Commentaires
B
je me retrouve pas mal dans ce texte...perso j'ai arrêté le seresta, qui ne réussissait même pas à m'abrutir, mais pas l'écriture, même si elle est devenue moins urgente, cette obsession de s'enfoncer les doigts dans la gueule et de vomir jusqu'à recouvrir le clavier de lignes de toutes façons vaines...
A
je te kiffe trop matthieu
Y
Je me souviens de cette sensation, de se debarasser de quelque chose de pesant.<br /> <br /> C'est vrai que ca fait du bien.
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