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Chroniques de la souffrance, haine et pizzas.
14 mars 2013

Antidote

Il y a des jours lumineux, qui irradient l’âme sans niquer les yeux. Des jours ordinaires où l’on ne s’attend à rien, sauf peut-être à être déçu parce qu’on est un peu légèrement entraîné quand même par des décennies de réveils, c’est-à-dire à rien, c’est bien ce que je disais. Et puis pof, à la dérobée, à l’improviste, à l’insu de ton plein gré cafi de mauvaise graine, une lumière au bout du chemin, au bout du comptoir. Une main tendue, une âme égale à la tienne, une solitude absolue, abîmée elle aussi par les matins auxquels elle tente d’échapper en courant ventre à terre et dès le saut du lit vers la nuit. Pour boire parfois jusqu’aux sanglots avortés, puis parfois pas, mais ceux-là on les compte pas.

Je veux dire que parfois, il arrive lors des semaines des 4 jeudis ou lors du passage de la comète de Halley ou quand une poule se fait faire un détartrage, que l’on rencontre un vrai gens. Et là, tu le sais pas encore, mais c’est parti pour 15 ans d’amitié solide comme du roc.

Lui, il avait un regard frondeur à chaque fois que je lui narrais mes aventures kaléidoscopiques, il était grave quand j’étais triste, et quand je m’écoutais un peu trop parler (tendance chronique i muvrinesque), il se contenait, se pinçant les lèvres ou amorçant sa légère moue en biais, et finissait par exploser de rire comme une bombe à confettis. Mon orgueil se dissolvait, plus rien n’était important, que cet instant où nous enfournions nos bouchées asiatiques hebdomadaires avant d’aller se mettre au boulot.

Il a toujours été sage, il l’était en réalité surtout pour les autres et beaucoup moins pour lui, du moins me semblait-il. Il a toujours appuyé mon avenir. En fait, je crois qu’il l’a fait pour que « avenir » reste un mot de mon vocabulaire. On buvait des Red Bull light à gogo pendant qu’on travaillait sur des dossiers tragiques et délicats, et l’on riait de la vie, de la mort bien sûr et puis aussi des handicapés. Parce que c’était un médecin et qu’il comprenait mieux que quiconque la tragédie de la vie. Humain, humaniste sont des mots trop étriqués pour lui. Les plus grands pontes esculapiens lui ont écrit pour lui dire l'admiration sans borne qu’ils avaient de son si grand savoir et surtout de toutes ces choses qui ne s’apprennent pas quand on est voué par son métier à rencontrer des gens brisés.

Il m’apprenait des mots latins, il m’a fait découvrir ce logiciel Antidote, un dictionnaire formidable, et c’était parfois difficile de continuer à travailler parce que nous étions deux dingues à chercher les antonymes, les synonymes, l’étymologie et les expressions d’un mot qui nous en avait évoqué un autre, et puis un autre, et puis un autre, et puis.

Et puis il y a des jours comme aujourd’hui, plus noirs que le plus insondable trou des trous.

Des jours où par trop de fatigue d’avoir trop donné, d’avoir trop reçu je l’espère, la pathétique machinerie de la vie s’arrête.

Oh Dieu, que s’arrête cette rage dedans.

 

 

NB : alors ça rigole moins là hein les gars !

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Commentaires
A
comment tu saches que j'ai une petite bitte matthieu ?
N
Et ben voilà, j'ai ri. Ah la la qu'est-ce que je vous hais.
A
et mon mail c'est ab.surdity@yahoo.fr (tellement l'humour sachant)
A
aujourd'hui je veux bien que tu sois chef , natouche
A
j'en peux plus
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