Ain't Nothing Like Hip Hop Music
Dans un précédent article, je vous expliquais que le wesh a été mon ami et qu'ensemble, nous avions formé le meilleur groupe de rap de notre beau pays de France. Le seul problème était que nous étions le seul à le savoir.
En l'an de grâce 1998, après que la France ait brillamment décroché son premier titre de champion du monde, je décidai de faire ma seconde deuxième année de droit. Car oui, elle m'avait tellement plu, que j'avais décidé de me retaper encore une fois ce MERVEILLEUX cours de droit administratif.
En vrai, j'avais rien foutu l'année précédente, trop occupé que j'étais à rien tenter avec mon obsession féminine du moment. Ah, jeunesse ....
Quand apparait devant moi une fille ... heu ... non, pardon. Quand apparut devant moi l'homme qui, en ce temps là, s'appelait Sakura.
Ensuite, il s'appela Bosco, The Crow, BIlly K, Acrobashit et ... Jâcques Miskine.
Cet homme, sachant que je faisais de la musique, me proposa de lui faire des instrus de rap.
...
Genre moi je vais faire du rap. Genre.
(en fait, j'ai pas dit genre, ça se disait pas encore, dans les années 90. J'ai dû dire sale batard ou un truc comme ça).
J'ai dit oui, en fait.
Et c'est ainsi que naquit ce qui fut le plus grand groupe de rap de France, j'ai nommé Sound Mafia (initiales SM ... déjà là, j'aurais dû me douter qu'il y aurait des problèmes).
En cette semaine marquée par la sortie de l'excellent nouvel album d'IAM, je m'en vais vous conter l'histoire de mon groupe.
Lorsque j'ai décidé d'écrire cette note, ma première idée était de la rendre humoristique (parce qu'avec les camions de Lysanxia que vous avez dû avaler avec les autres, hein ...).
Mais, je me suis rendu compte que cette histoire est l'un de mes seuls regrets. Peut-être même LE seul.
On avait commencé par quelques mois de tatonnements. Environ 6, si je me souviens bien. Style plutôt tranquille ...
On se voyait le week-end, quand je revenais de la fac, où j'avais composé 2 ou 3 nouveaux sons que je leur faisais écouter et sur lesquels ils écrivaient leurs textes.
On écoutait "L'Ecole du Micro d'Argent" d'IAM, "Paris sous les bombes" et "Suprême NTM" de qui vous sachez ... le premier Oxmo Puccino, Arsenik ... Wu Tang Forever, Snoop (surtout moi ...), Chantal Goya ...
Puis, avec une première version du groupe, on a participé à un tremplin musical. C'était notre premier concert. Je me souviens qu'on avait "répété" une heure avant dans la voiture, sur mon vieux poste qui ne marchait qu'avec un stylo enfoncé à l'intérieur ... et surtout convaincu 2 d'entre nous qu'ils devaient monter sur scène ...
On a gagné ce tremplin. 1ers au prix du public et 1ers ex-aequo au prix du jury.
Grâce à ce tremplin, on a réussi à se faire inviter à la fête de la musique de notre ville.
Entre temps, on a perdu 2 éléments ... et accessoirement notre salle de répétition. Le hasard, certainement.
On avait alors répété à l'arrache, chez l'un, chez l'autre ... dans ma petite chambre d'étudiant, sur le vieux poste pourri de ma voiture ou sur une vieille chaine hifi sur laquelle j'avais branché ma (légendaire ...) Groovebox Roland MC 505.
A qui il ne reste plus qu'un des boutons ... mais qui claque toujours autant, 15 ans après.
Et ... on a intégré un grand black d'1m90, qui rigolait tout le temps et qui chantait une sorte de ragga/rap, qui lui déclenchait des clic-dé dans sa te-té. Je crois qu'on a fait 2 ou 3 répétitions ensemble avant ce fameux concert de la fête de la musique.
Ce 21 juin 1999, on s'est retrouvé tous les 5 sur la scène de la plus grande place de notre ville. Avant nous, un groupe de rock, qui avait attiré une trentaine de curieux.
Et soudain, quand on est monté sur scène et pour une raison que j'ignore toujours, la place s'est remplie ... une place qui faisait une centaine de mètres de long sur une vingtaine de large, pleine ... C'est assez impressionnant, quand ce n'est que votre deuxième concert. Mais on s'en foutait, parce qu'on savait qu'on était les meilleurs.
On a commencé notre set assez tranquillement, avec des morceaux assez classiques ... j'avais le nez sur la machine en photo au dessus, pour leur produire la musique en direct.
Le grand noir restait dans son coin en attendant son tour ...
Puis, on a fait un morceau dans lequel il devait chanter un refrain ragga ... Et tout d'un coup, quand il a commencé à chanter, j'ai entendu la foule qui s'est mise à crier. J'ai levé la tête et je l'ai vu ... en train de grandir ... 1m90 qui grandissent, c'est pas mal ...
Et le plus impressionnant était l'impression que j'ai eue de la foule : ils se levaient et criaient en même temps que lui ...
A partir de là, le show est devenu énorme ... Les gens étaient fous, criaient et dansaient dans tous les sens.
On a terminé par notre hymne, le légendaire "SM sous l'effet du bédo", qui se terminait par une impro générale, au cours de laquelle je prenais la guitare et jouais à Nile Rodgers ...
Quand on est sorti de scène, on avait pleins de nouveaux amis, bizarrement ...
Mais Jâcques Miskine le savait.
Dans les semaines qui ont suivi, on s'est fait "offrir" une salle de répétition, qu'on a utilisée tous les jours de l'été qui a suivi.
A la fin de cet été, on est allé chez un pote pour enregistrer notre premier CD ... et ça a été le début de la fin.
Un des membres du groupe a pété les plombs et ça a tout fait éclater.
Bien sûr, on a fait encore un peu de musique ensemble. Mais rien de vraiment concret. Toujours commencé, jamais achevé.
Alors, peut-être que certains d'entre vous pensent que le rap n'est pas de la musique ou je ne sais quel autre cliché du même genre ...
Mais ce que je sais, c'est que ce groupe était une famille pour moi. Et qu'on était très forts, mais que la volonté et la discipline nous ont empêché de le montrer au monde.
Aujourd'hui, de notre "noyau dur" (Jâcques Miskine, le grand black et moi), l'un est porté disparu, l'autre disparait puis réapparait ... et moi, je suis toujours là, à écouter nos vieux sons, à continuer à faire de nouvelles instrus et à les envoyer au grand black, des fois que ...
Et surtout à penser à tout ce qu'on aurait pu faire, si on avait été moins cons et un peu plus courageux.
Et je suis toujours persuadé que, vraiment, c'était nous les meilleurs.
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