Comme un lundi ordinaire
Une journée ordinaire : je me lève en retard, je m'habille à toute vitesse, allume l'ordinateur, me fait un café pendant ce temps, avale ce que j'ai l'impression d'être un wagon de médicaments, regarde l'ordi et ... énorme coup de flip : j'ai un nouveau mail.
Tremblant, je clique sur ''boîte de réception'' et là, soulagement : c'est un spam pour m'agrandir le pénis à l'aide d'une pompe qui aurait pu être une pompe à vélo. J'ai eu peur : j'ai cru que quelqu'un pensait à moi.
Journée ordinaire donc. Quelqu'un, quelque part, a simplement pensé que j'avais besoin de me faire agrandir le pénis. Que celui qui n'a jamais pensé que quelqu'un, quelque part, a besoin de se faire agrandir le pénis lui jette la première pierre.
Une journée ordinaire qui commence donc par une bonne nouvelle : l'absence de mail. Un peu comme quand tu bois un peu trop d'alcool alors que t'as pris un peu trop d'anxiolytiques avant : un moment de paix absolue, où tu sembles légèrement planer, avec simplement une voix dans ta tête qui chante « knock, knock, knockin' on heaven doors ». Avec ça, tu peux mourir heureux. Ou vivre un peu plus longtemps. Juste pour voir ce que ça fait.
Une journée ordinaire, mais une journée sans boulot. Au moins pour une fois, savoir ce que ça fait de vivre, même si c'est pour rester entre 4 murs à écouter des chansons que tout le monde a oublié, à lire des livres dont personne ne se souvient, à vivre dans un passé que personne n'a jamais vécu. Mais y vivre. Au moins pour une journée. Au moins pour oublier que dehors, c'est moche, que dehors, les palestiniens n'ont pas de Mac Do à Gaza. Ni de Pizza Hut. Ni de Stardust caffee ni de subway. D'un autre côté, ils n'ont pas non plus de Quick.
Une journée ordinaire. Le ciel est gris, il n'y a jamais eu aussi peu de soleil depuis que l'on mesure l'ensoleillement, à en croire les météorologues. Encore un métier à la con. C'est pas bandant comme métier météorologue. C'est comme prof de chimie. Ca n'a jamais excité personne. Personne ne fantasme sur les météorologue ou sur les profs de chimie. Il n'y a qu'à voir sur youporn. Il n'y a jamais de vidéos de météorologues. Des naines, des handicapées, des shemales, des vieilles, des très vieilles, des voilées, des blondes épilées autant que tu veux. Mais jamais de météorologue.
Une journée ordinaire. Comme un lundi qui commencerait. Comme si tout était encore possible, quelque part, pas forcément ici, mais quelque part. Là où je ne suis pas. Là où nous ne sommes pas. Parce que les lundi sont toujours des journées ordinaires, sauf si tu gagnes au Loto. Ou que tu apprends que tu es en phase terminale d'un cancer. Un truc à te pourrir la semaine. Et celle d'après. Si tu es encore là pour la vivre. Évidemment.
Une journée absolument ordinaire. Comme un lundi quoi.