Best Of

Je me rends compte que ça fait une éternité que je ne vous ai pas parlé du bureau. J'ai été muté, et ne travaille maintenant plus avec le sosie de Polnareff (authentique) mais avec le Grand Con (oui, mon chef est grand. Et con. Du coup, dans un accès d'originalité comme il m'en arrive quelquefois, j'ai décidé que ce serait Le Grand Con). Nous sommes très peu nombreux dans ce bureau. Juste trois.

On dira donc que ma collègue de bureau s'appelle Emilie, que mon chef s'appelle Le Grand Con et que moi, je m'appelle toujours de la même façon, parce qu'il n'y a aucune raison que je m'affuble d'un surnom ridicule. Ou pas.

Une de mes anciennes collègue de bureau s'appelait Caroline. Je m'entendais très bien avec Caroline. Nous n'appréciions pas forcément les mêmes choses, mais nous étions suffisamment complices pour en discuter et permettre à l'autre de découvrir de nouvelles choses. Elle adorait les séries télés que je n'aimais pas regarder, mais j'aimais bien quand elle m'en parlait, elle m'en faisait un résumé vivant et amusant. De mon côté, je lui parlais de mes lectures, essayant (sans succès) de lui faire aimer les écrivains de mon panthéon personnel. Nous aimions le même genre de films, les mêmes endroits à visiter et je crois que je ne me suis jamais ennuyé avec elle. Maintenant, ma collègue s'appelle Emilie. Elle a de gros seins.

Emilie est bien, elle est calme. Elle ne cherche pas à défendre jalousement ses prérogatives. Elle doit être ménopausée. La ménopause a le même effet sur la femme que la castration sur le chien: une fois ménopausées, les femmes ne cherchent plus à défendre leur territoire, elles sont moins jalouses, ne crient pas pour rien et sont plus calmes. Elles ne perdent plus de temps dans des activités qui nécessitent de l'énergie, elles préfèrent se poser sur le canapé et manger. Et elles grossissent.

Emilie n'est pas très belle; elle a une tête d'actrice d'un film porno russe à petit budget, tourné dans une pièce avec une tapisserie démodée et un lustre orange datant de l'ère Krouchtchev. Et puis, un truc me dérange chez elle: elle porte des élargisseurs d'oreilles, vous savez, ces espèces de cercles qui se mettent dans le lobe. Personnellement, je trouve ridicule les gens qui portent des élargisseurs d'oreille. Je suis persuadé que si tu veux absolument t'introduire des objets dans le corps, tu n'as pas besoin de créer de nouveaux orifices.

Le soir, lorsqu'elle peut se retrouver face à elle-même après une dure journée de labeur, lorsque les derniers rayons du soleil laissent place à un crépuscule flamboyant, puis à la nuit, lorsque plus aucun bruit autre que celui des insectes ne vient troubler sa quiétude, et que la seule lumière qui l'atteint est celle de la lune brillante au milieu d'une nuit sans nuage, avec pour compagnes les myriades d'étoiles qui scintillent dans le ciel, de tels soirs donc, elle se rêve une vie douce comme des couilles fraîchement épilées.

Comments

[yaelz1974]

Tes chroniques de bureau m'ont beaucoup manquee. J'adore la fin.

[Natouche k]

Epilées ou pas, je me suis poilée.

[absouille]

tu as un don pour le portrait, matthieu