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Chroniques de la souffrance, haine et pizzas.
13 mai 2013

Belle nuit, ô nuit d'amour...

Il y a quelques temps, Natouche nous racontait qu'elle détestait les réveils. Je dois dire que je les accueille comme un boxeur quasiment KO accueille le gong sonnant la fin du round : au mieux un peu sonné, au pire complètement hagard et flippé. Je ne déteste pas me réveiller, je n'adore pas me réveiller non plus. Mon problème à moi, ce sont les nuits. Lorsqu'ils reviennent. Ils, ce sont les morts définitivement, les qui ne vivent plus tout à fait mais qui ne sont pas encore morts, les vivants complètement, bref, des fantômes du passé, qui reviennent créer, le temps d'un songe, un futur dont je ne veux pas. Dont personne ne voudrait d'ailleurs. 

Ces revenants pas tout à fait disparus m'obligent à livrer des batailles oniriques, à combattre jusqu'à l'épuisement des attitudes et des gestes que je ne veux pas accepter, à subir la messe qui précède l'application de la peine de mort sur ma personne. Sous des gouttes brûlantes et irradiantes de cierges placés au dessus de moi. Tout en ressentant, je vous jure que c'est vrai, l'immense satisfaction de savoir que j'allais mourir d'une mort rapide et ne pas me faire rouer vif. Alors je me bats, je combats, je m'efforce de vivre et accepte de mourir. Et le réveil me cueille, le matin, hébété et épuisé de m'être tant battu contre des chimères. Parce que ces choses là, comme beaucoup d'autres, n'existent que dans ma tête. Evidemment. Mais Dieu que c'est pénible à vivre, et encore plus à se souvenir. Un peu comme dans la citation de Coluche « déjà à manger, c'est pas bon, mais alors à vomir! ». Pareil pour moi : à vivre c'est déjà pas terrible, mais alors à se souvenir... Parce que, évidemment, le souvenir reste toute la journée, flou et plus ou moins lointain comme des relents d'aïoli consommé la veille.

Quelquefois, mes nuits pourraient s'intituler « Debout mes morts ». Parce que si on faisait un tableau en deux colonnes intitulés « les gens que j'apprécie », colonne de gauche « morts », colonne de droite « vivants », la colonne de gauche serait deux fois plus longue. Au moins. Alors, ils reviennent me hanter. Que je les ai connus personnellement ou pas. Qu'ils s'agisse de personnes avec qui j'ai partagé des choses ou d'écrivains définitivement morts. Sauf la nuit. Sauf mes nuits.

J'adore le titre « mes nuits sont plus belles que vos jours ». Parce que j'en suis aussi loin qu'un lépreux qui voudrait apprendre à faire des arpèges à la guitare. Parce que la pire de mes journées est plus douce que le plus doux de mes rêves. Quand je pense qu'il y a des gens qui ont des rêves érotiques. Pardonne-leur, ils ne connaissent pas leur bonheur.

Alors, pour passer enfin une nuit dépouillée, une nuit sans bataille perdue d'avance, je prends des anxiolytiques noyés dans de l'alcool. Et me réveille simplement sonné. Mais ni triste, ni furieusement terrorisé, ni mal à en crever.

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Commentaires
N
je comprends, mais moi ma lutte commence au réveil. Et la nuit je fais des reves érotiques, pas que, mais j'ai mon quota. Le réveil n'en est que plus dur, mais pas dur comme ça, juste dur tout court. C'est clair non ?
A
voilà. tout est dit. et bien dit
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